Interrogé le 3 mai par Guillaume Roquette, directeur de rédaction du Figaro Magazine, sur la reprise des offices religieux, Christophe Castaner – Kéké pour les intimes – encore alors ministre des cultes, a répondu n’en pas voir la nécessité car, dit-il, « je pense, que la prière n’a pas forcément besoin de lieu de rassemblement » ; ce qui est juste et, quand bien même l’homme, animal sociable, aime à faire des choses avec ses congénères, un ministre « en guerre » contre un virus se doit d’être intraitable. Ce quitus accordé, si prier est commun à tous les cultes, la messe catholique n’est pas strictement une réunion de prière. La définir comme telle est soit une erreur manifeste grosse de sottes décisions, soit une malignité jouant sur l’ idée assez courante que, finalement, une mosquée est une sorte d’église et un rabbin une sorte de curé. Et alors ? Eh bien alors, le catholicisme devient soluble dans le gloubi-boulga des « cultes ».
« Le culte, est un ensemble de pratiques d’hommage et de vénération rendu par un groupe à une divinité » selon Wikipedia qui poursuit par des considérations quelque peu foireuses mais forcément bien-pensantes. On lit donc : « On appelle culte l’ensemble des pratiques publiques et/ou privées d’une religion par lesquelles se manifeste le rapport des croyants à leurs dieux, soit pour les invoquer, soit pour les prier, soit pour les remercier. Il est l’élément central de toute religion, le moment où les fidèles se réunissent et communient avec les divinités et entre eux. Certains rites sont publics, ils concernent la totalité des membres du groupe religieux en question. D’autres sont réservés à une sphère particulière du groupe, à commencer par les cultes familiaux ». Suit un inventaire à la Prévert où ne manque que le raton laveur : « Les principaux actes cultuels sont :
- le sacrifice, la libation, l’offrande et l’éducation ;
- la prière (invocation, louange, demande etc.) ;
- le chant et la musique ;
- la lecture de textes sacrés ;
- la prédication qui a un rôle important dans les religions abrahamiques ;
- les pèlerinages, processions. »
Voyons cela de plus près:
- à la synagogue, les juifs (mâles) disposent de salles où étudier « la tradition et l’hébreu » et d’une salle (dite « sanctuaire » parce que la Torah y est exposée) pour réciter des prières (dont celle du matin : « Loué sois-tu Eternel qui ne m’as pas fait non juif, esclave ou femme »). Le rabbin, « figure communautaire dominante, distingué pour son érudition dans l’étude de la Torah », a pour fonction d’enseigner la loi mosaïque et de faire respecter ses prescriptions (plus de 600).
- la mosquée (masjid « le lieu de la prosternation » en arabe) est, elle aussi, une salle où les musulmans (mâles) récitent des sourates du Coran et écoutent un imam expliquer que les mécréants ne méritent pas de vivre ou que la terre est plate.
- dans leurs temples, les protestants (des deux sexes) vénèrent le souvenir du Christ en priant, en chantant, en lisant des passages de la Bible commentés par le pasteur.
CQFD : ces cultes consistent donc bien en un « ensemble de pratiques d’hommage et de vénération » qui, à l’évidence, semble pouvoir, sans en pâtir outre mesure, attendre la fin de l’épidémie pour reprendre. De fait, comme beaucoup l’ont remarqué, leurs adeptes n’ont pas manifesté une impatience excessive pour sortir du confinement. Jusque là tout va bien pour M. Castaner. Sauf que, ne lui en déplaise. il y a culte et culte : avec le culte catholique rien ne va plus.
On remarque qu’en tête de liste, Wikipedia place le sacrifice (bizarrement couplé à l’éducation). A raison. Immémorial et quasi universel, c’est le nec plus ultra des actes cultuels. Or, absent des cultes examinés ci-dessus, il est par contre essentiel au culte catholique, lequel débute certes par des prières, des chants, des lectures et un prêche tout comme les autres, mais dans une première partie, prélude d’une seconde essentielle, le sacrifice. Après quoi « la messe est dite ». Depuis vingt siècles et pour les siècles des siècles, la messe exige, fût-elle célébrée au fond des bois, un autel sur lequel le prêtre, ordonné à cette fin, réactualise de manière non sanglante le sacrifice du Christ et Le rend présent dans l’Eucharistie que le prêtre puis les fidèles vont consommer. Ordre du Christ. Que les âmes délicates qui, à l’instar des disciples de Capharnaüm, trouvent la chose « trop dure à entendre » [1], veuillent bien considérer qu’en 2000 ans, elle s’est bel et bien matérialisée plusieurs fois en toute crudité. Certains de ces miracles eucharistiques soumis à des analyses scientifiques ont été dument authentifiés, tels celui de Lanciano (VIIIe siècle) ou celui de Buenos Aires (1996).
Venu « non pour abolir la Loi mais pour l’accomplir » [2], le Christ, s’offrant en victime sacrificielle parfaite, annule et remplace les sacrifices d’animaux prévus par la Loi mosaïque que l’on pratiquait dans le Temple de Jérusalem. Etymologiquement sacrifier c’est faire du sacré, un registre tout autre de celui de la prière au point que les hommes, y compris les Grecs et les Romains, ont longtemps estimé que cela exigeait des vies, animales ou, mieux encore, humaines, souvent enfantines [3]. René Girard a exploré avec sagacité ce rapport redoutable entre la violence et le sacré. Etonnamment, ni en soi ni en tant que spécificité du culte catholique, cet acte cultuel extrême n’intéresse Wikipedia, ni M. Castaner bien sûr. Toutefois, vu ses responsabilités, quelqu’un aurait pu l’informer que, à la messe, les catholiques ne « font pas public » comme au cinéma. Tout autant que les clercs, quoique sur un mode différent, les laïcs sont l’Eglise. Au cours du dialogue qu’il mène avec les fidèles, le célébrant leur demande textuellement de prier « pour que mon sacrifice qui est aussi le vôtre puisse être agréé par Dieu ». C’est pourquoi y participer physiquement au moins le dimanche est une obligation dont aucune messe 2.0 ne tient quitte. En grec, l’ekklesia est une « assemblée par convocation ».
On se souvient que M. Castaner est celui qui, devant Notre-Dame de Paris en feu, s’est exclamé que ce n’était pas une cathédrale. Faut dire que faire ses classes dans le milieu marseillais puis au parti socialiste, ça n’aide pas. Toutefois, en tant que ministre des cultes, la conscience professionnelle aurait pu l’inciter à creuser un peu la question. Avec un bon coach, des mots simples et au besoin quelques diapos pour ne pas risquer le claquage cérébral, ça aurait pu le faire. A moins que, en bon enfant des Lumières, M. Castaner ne l’ait, une bonne fois pour toutes, classée au rayon farces et attrapes. Invité le 3 mai sur LCI il a assuré : « Je ne fais pas la différence entre tel ou tel culte ». S’il veut dire par là que la question l’indiffère, ça le regarde. Par contre, si cela signifie que pour lui rien ne les différencie c’est idiot mais après tout, le rôle de la voix de son maitre ne demande pas d’être futé. De son successeur, M. Darmanin, l’avenir dira ce qu’il en est. De toute façon il n’y a pas d’autre rôle dans le show de M. Macron.
Les tourmenteurs de Jeanne d’Arc savaient ce qu’ils faisaient en la privant de messe. Le 13 mars puis le 21 avril, M. Macron a réuni en audioconférence « les autorités spirituelles du pays » pour leur signifier qu’il maintenait l’interdiction des offices publics au moins jusqu’en juin. « Toutes les grandes religions étaient représentées ainsi que les différentes loges maçonniques » rapporte Le Parisien du 21 avril. Un réchauffé de gloubi-boulga. Convié au nom des catholiques, il y avait le président de la Conférence épiscopale de France (CEF), Monseigneur de Moulins-Beaufort. Pas rancunier pour un sou – la CEF attendait toujours une réponse à son mémorandum adressé au Premier ministre en février – l’archevêque de Reims a accepté sans faire de manières de figurer en alter ego des frères trois points. Surprenant vu ce que l’Eglise enseigne toujours à leur sujet. Au lendemain de la conférence du 21 avril, Monseigneur de Moulins-Beaufort a raconté sur RCF quels effets fâcheux du confinement il avait jugé utile de soulever : les aumôniers empêchés de vaquer dans les hôpitaux, les bénévoles empêchés d’apporter un service indispensable aux associations et la privation de ressources pour les sans-papiers travaillant au noir. Autant dire de la palabre Peace and Love mais rien sur la liberté de l’Eglise.
Nos épiscopes sont accros du dialogue au lait de la tendresse humaine. Surtout avec ceux qui n’aiment pas ce qu’ils sont. L’abbé Viot parle de « bain de siège du relativisme », l’abbé de Pommerol évoque le syndrome de la femme battue, d’autres encore les disent « piégés par leur mondanité avec le pouvoir ». Quoiqu’il en soit, le résultat ne peut être qu’un dialogue de sourds avec le pouvoir. Le 21 avril la CEF n’a donc pu qu’encaisser l’échec de ses pourparlers sur la fin du déconfinement, « avec regret ». Au vrai ce qui est regrettable est que la CEF, sans marquer le moindre recul, histoire de réfléchir aux… disons bizarreries flagrantes de la narrative politico-médiatique sur l’épidémie, soit allée jusqu’à prendre les devants. Dès le 28 février, elle avait adressé à tous les diocèses une liste des « gestes barrières » à appliquer dont l’interdiction de distribuer la communion dans la bouche. Or l’Instruction Redemptionis sacramentum (2004) de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements est là-dessus formelle : la communion dans la bouche est un droit, « toujours ». En 2009, lors de l’épidémie de grippe porcine, ladite Congrégation rappelait aux évêques américains qui avaient cru bon de l’interdire, que ce n’était pas en leur pouvoir.
Il faut bien dire que cette Conférence des évêques, officialisée en 1965, est un objet curieux. Le fondement canonique en est mince et malgré les précisions apportées en 1983 dans le Code de droit canon, ses attributions restent assez floues pour être élastiques. En principe, aucun gouvernement collectif ne saurait coiffer le pouvoir de l’évêque dépositaire de la succession apostolique et qui, de soi, est de droit divin. En 1998, le motu proprio Apostolos suos a du rappeler qu’une conférence épiscopale est tout au plus un outil de « coordination ». En effet, une pente que Mgr Lefebvre entre autres jugeait fatale, a conduit la CEF à s’impatroniser organe directeur de l’épiscopat. Au fil du temps la CEF, a mué ad intra en une sorte de Politburo (10 commissions et 9 conseils). La voix des évêques dissidents (il y en a) est peu audible car, ad extra, la CEF s’est acquis le statut de voix officielle de « l’Eglise qui est en France ». En Chine communiste, comme on aime dialoguer avec des personnes choisies, des mesures relatives aux cultes – dits là-bas « organisations religieuses » – appliquées depuis février 2020 prévoient, entre autres, l’obligation de se doter d’un organe dirigeant avec un président élu pour 5 ans, un vice-président, un comité de direction, un secrétaire général, un secrétaire général adjoint etc. On appelle ça une courroie de transmission.
Si Mgr de Moulins-Beaufort n’a fait aucune représentation à M. Macron sur le principe de la liberté de l’Eglise, ce fût pourtant le sujet de son allocution de clôture de l’assemblée plénière des évêques (visioconférence 8-10 juin 2020). Enfin pas exactement car, selon l’abbé Barthes [4], il a confondu avec la liberté religieuse. Effort méritoire mais, à vrai dire, esquiver devenait difficile. En effet, à cette date, des instituts de droit pontifical (Fraternité Saint Pierre, Institut du Christ Roi, la Fraternité Saint Vincent Ferrier), la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X mais aussi des laïcs, des associations (AGRIF, Civitas), le Parti chrétien démocrate, lassés des parlotes, avaient saisi le Conseil d’Etat en référé-liberté. Civitas attaqua dès le Ier mai, les autres choisissant d’attendre le décret formalisant les annonces gouvernementales du 7 mai. La CEF ne pipa mot de l’initiative mais n’en pensait pas moins car aucun des quelques évêques sollicités pour s’y joindre n’osèrent s’y risquer. Le 18 mai la sentence tombait : l’interdiction des réunions dans les lieux de culte « présentait un caractère disproportionné au regard de l’objectif de préservation de la santé publique et constitue ainsi, eu égard au caractère essentiel de cette composante de la liberté de culte, une atteinte grave et manifestement illégale de cette dernière. En conséquence il enjoint au Premier Ministre de modifier dans un délai de huit jours le décret du 11 mai 2020 ». Deux jours après l’interdiction était levée.
Ce même 18 mai, le porte-parole de la CEF, le Père Magnin, se borna à un tweet pour prendre acte. Le 23 mai, dans un communiqué destiné à rappeler les « gestes barrières » à mettre en œuvre, la CEF mentionna qu’elle se réjouissait de cette décision. Poussée à ce point la sobriété ressemble à de la mauvaise humeur. Le 2 mai, déjà, La Croix, journal officieux de l’épiscopat, planchait sur un effet bien contrariant : « les revendications des évêques et de nombreux curés pour une reprise dès la mi-mai des offices catholiques publics a suscité dans les rangs des responsables cultuels français certaines crispations et incompréhensions ». Comprenez : faut y aller mollo et voir à ne pas gâter le sacro-saint dialogue interreligieux car l’impatience catholique indispose les autres confessions – même le bouddhiste Olivier Wang-Ghen, peuchère ! Là, outre que la liberté de l’Eglise n’est pas négociable, on en vient à se demander à quoi sert de dialoguer par exemple avec le pasteur Clavairoly, lui dont La Croix impavide rapporte qu’il « regrette que l’Eglise catholique ne se considère pas dans la crise sanitaire actuelle comme un culte parmi d’autres ». Sauf erreur, voilà un monsieur qui siège aux côtés de Mgr de Moulins-Beaufort à la Conférence des responsables de cultes en France (CRCF), un machin créé le 23 novembre 2010 soi-disant pour « approfondir la connaissance mutuelle ». Déjà que, protestant, il doit savoir à peu près en quoi le catholicisme n’est pas un culte comme un autre, que peuvent-ils bien se raconter pendant les séances ? Décidément les dialogues de sourds font le bonheur des insolents…
Au cas où le message ne serait pas bien passé, le 3 mai, La Croix en remit une couche en publiant la tribune libre d’une brochette de ces chrétiens qui se veulent de gauche, intitulée Rouvrir les églises pour quoi faire ? Voilà une question qu’elle est bonne ! On a bien une petite idée mais la leur est que « le confinement est l’occasion de redécouvrir le vrai culte à rendre à Dieu, de réexpérimenter le sens profond de l’eucharistie et – histoire d’arroser du lait de la tendresse humaine de si vastes desseins – de s’ouvrir à la diversité des aspirations spirituelles de nos contemporains ». Le 7 mai Témoignage chrétien s’y colle à son tour. En moins laiteux car à lui on ne la fait pas : « Qu’est-ce qui justifie cet empressement à reprendre les messes ? Un ritualisme exacerbé sûrement ». Avec en prime cet argument inattendu dans une publication créée en 1941 par des résistants lyonnais : « Le pape François appelle désormais à l’obéissance aux autorités ». Certain évêque ayant qualifié l’impatience des catholiques d’infantilisme, on voit par là que ordre est donné aux enfants d’être sages pendant que les grandes personnes discutent au salon.
L’après 18 mai fut tout aussi riche en propos édifiants. La Croix du 19 mai fit dans la sollicitude : Reprise des cultes, les paroisses seront-elles prêtes ? Suspens. C’est bien gentil cette victoire à l’arraché mais les paroissiens sauront-ils coller les rubans adhésifs qui signaleront les sièges à ne pas occuper ? Le Père Magnin, lui, plaide en défense : « la CEF n’a pas voulu entrer dans un bras de fer avec le gouvernement ». Même son de cloche chez Mgr Malle, évêque de Gap qui lui twitte sur « la position très ajustée de la CEF. On ne peut à la fois être dans le dialogue avec les autorités et entreprendre un référé. Personnellement je pense qu’il aurait été risqué d’exposer la représentation « officielle » [les guillemets sont de lui] de l’Eglise en première ligne dans un tel combat ». Il serait donc malséant, dans un Etat de droit, d’user des moyens du droit ? Toujours dans le même numéro de La Croix, Mgr Jordy évêque de Tours fait lui dans la condescendance. Il pose, comme qui dirait, en observateur depuis le balcon de son évêché. Pour lui tout ça n’a servi qu’à « gagner quelques jours sur le calendrier qui se négociait déjà » et a « surtout un intérêt symbolique » (les catholiques qui ont eu la joie de retrouver la messe pour la Pentecôte apprécieront). Ce qui n’empêche pas Mgr Jordy de signifier à ceux qui ont agi ainsi qu’ils auraient mieux fait de s’occuper des malheureux qui sont morts dans la solitude. De là où il était il a du lui échapper que les pensionnaires des hôpitaux et des EHPAD étaient encore plus hermétiquement confinés que les autres. Sinon il aurait sûrement édifié les populations en bravant le pouvoir pour aller porter le saint viatique à ces malheureux. L’histoire abonde de ces évêques qui furent aussi des acteurs. Clôturons ces morceaux choisis avec La Croix du 20 mai où le Père Greiner explique que « si les croyants sont impatients […] c’est parce qu’ils savent que les rites permettent de se réinscrire dans la vie ordinaire. » Du catholicisme au ras des pâquerettes. Un certain Christophe Henning y va aussi d’un article intitulé « Une décision qui embarrasse les responsables religieux ». Il y eut jadis un psalmiste pour s’écrier « le zèle de Ta maison m’a dévoré » (Ps 69). Le moule est perdu. « Nous évêques, déplore Mgr Ginoux évêque de Montauban, nous avons peur de prendre position et nous ne faisons même pas valoir notre droit légitime ». Mais alors qui sont ces catholiques qui ont osé bousculer la CEF ?
Du contrariant on passe ici au franchement épineux, pour rester poli. Le 19 mai Jean-Pierre Denis rédacteur en chef de La Vie (ex-catholique) mange le morceau dans un tweet navré : « il est donc regrettable que l’action ait été une nouvelle fois abandonnée à une poignée de requérants et à des organisations disons…peu représentatives du catholicisme de ce pays ». Stupeur et tremblements ! Ce sont en effet les « tradis » qui sont montés au front. Peu représentatifs les tradis ? En quantité ? En qualité ? Si M. Denis faisait vraiment du journalisme, il ne devrait pas se contenter de l’épiscopalement. Il y a quelques diocèses dont les sages évêques sont pour la paix liturgique. Les tradis y représentent donc quelque chose. Dans d’autres il est entendu que ce n’est qu’une poignée de « déplorables » sans intérêt. Ceux qui se réclament des textes du magistère pour obtenir un lieu de culte « de rit extraordinaire » voient leur demande soit obstinément ignorée (certains depuis 10 ans) soit accordée mais assortie de brimades (messe une fois par mois dans un lieu improbable à une heure impossible). Pourtant tout le monde a pu constater dans les combats de ces dernières années que, poignée ou pas, la mouvance traditionnelle représentait quelque chose. L’épiscopalement correct ne leurre pas le Collectif laïque national qui sort l’artillerie lourde.
Ce dernier, créé en 2011, est un regroupement informel de 31 obédiences et associations maçonniques. Le 25 mai, il a publié un communiqué où « il dénonce le fait que l’Eglise catholique ait réussi à obtenir un traitement privilégié (sic) que ne demandait aucune des autres autorités religieuses. Il note avec regret que les responsables du culte catholique s’en soit remis pour ester en justice à des personnalités et officines (resic) dont plusieurs relèvent de l’extrême-droite intégriste et anti-républicaine dans une convergence inquiétante déjà constatée depuis longtemps sur les questions de société (IVG, mariage, fin de vie) ». Et voilà ! les trublions sont habillés pour l’hiver ! Y aurait-il comme une convergence des luttes avec une CEF de moins en moins représentative, elle, du « catholicisme de ce pays » n’en déplaise au folliculaire de La Vie ? Si ce monsieur veut bien vérifier, il s’apercevra que la vive réprobation qui s’est manifesté – genre : un épiscopat « syndic de faillite » ou encore « sorti de l’histoire » – va bien au-delà de la mouvance réputée nauséabonde des « tradis ».
Un des bénéfices du Covid-19 aura été de révéler l’imposture de nombre de grandeurs d’établissement. « La pandémie de COVID-19 va marquer un tournant qui a finalement et irréversiblement condamné tous ces corps augustes et vénérés à finir dans les poubelles de l’histoire » constate Alistair Crooke à propos de machins comme l’ONU, l’OMC, l’OMS… Le verdict ne vaut pas qu’à l’international. Voyez comment notre Ordre des médecins sert l’arraisonnement de la médecine par le politique… « Il y a des temps, écrit Chateaubriand dans ses Mémoires d’Outre-Tombe, où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux ». Nous vivons un de ces temps, avec toute l’aménité possible, cela va sans dire.
A. de P.
[1] Evangile selon saint Jean II, 60
[2] Evangile selon saint Mathieu V, 17
[3] Sur les sacrifices humains dans l’Antiquité gréco-romaine, cf. Les Gaîtés de l’Olympe
[4] Le Club des hommes en noir (19 juin)
Illustration : Messe clandestine du Bienheureux Noël Pinot (Angers)