La propagande gagne toujours si vous la laissez faire (Leni Riefenstahl)
« Pendant des siècles les docteurs de l’Eglise se sont interrogés pour savoir si les femmes avaient une âme » a osé dire Michel Rocard, Premier Ministre de la fille ainée de l’Eglise, à la tribune de l’Assemblée nationale. C’était en 1990 mais calomnier les chrétiens (calomnie : accusation grave et mensongère – Larousse) est une longue tradition. Le polythéisme foisonnant de l’empire romain s’accommodait du dieu unique des juifs notamment par des petits arrangements quant au culte dû à César curieusement refusés aux chrétiens, dès lors qu’apparut leur différence. La calomnie commença par des rumeurs les accusant de meurtre rituel d’enfant, de cannibalisme, d’inceste et tant qu’on y était de l’incendie de Rome, des invasions, de la peste, des tremblements de terre. Ainsi habillés, l’intelligentsia les réputa « ennemis du genre humain » (Tacite), adeptes d’une « nouvelle et maléfique superstition » (Suétone), « une superstition déraisonnable et sans mesure » (Pline le Jeune). Ceux qui se piquaient de philosopher, Marc-Aurèle, Celse, Dion Cassius, diagnostiquèrent une folie qui portait les simples à des spéculations réservées aux esprits distingués. Ces bobards suffirent à justifier 4 siècles de tentatives sporadiques d’extermination en tout arbitraire.
Le grand air de la calomnie reprit avec la Renaissance et la Réforme mais 1000 ans de chrétienté modifiaient la partition. Les humanistes fantasmèrent sur les charmes du monde d’avant le Christ et les réformés prétendirent réparer les erreurs et les turpitudes imputées à l’Eglise qu’Il avait fondée. Il fallut donc inventer pour que ce Moyen-Age qui s’était voulu chrétien paru en repoussoir. Les philosophes dits des « Lumières » actualisèrent l’entreprise et les sans-culottes passèrent aux travaux pratiques. Après les assauts de Jules Ferry et Emile Combes, René Viviani l’avouât sans fard en 1906 à l’Assemblée : « nous sommes face à l’Eglise catholique pour la combattre, pour lui livrer une guerre d’extermination ». Une guerre totalitaire ne se fait pas à la loyale. Les « hussards noirs de la République » endoctrinèrent gaillardement leurs élèves qui, entre cent autres énormités citées par Jean Guiraud (Histoire partiale, Histoire vraie), apprenaient que dans une contrée couverte « d’un blanc manteau de cathédrales », « le serf vit comme un lièvre poltron ; toujours il a l’oreille tendue ; au premier signal il s’enfuit avec sa femme… il vit dans l’épouvante » (Cours élémentaire Guiot et Mane). Ce n’est qu’à l’Ecole des Chartes que l’historienne Régine Pernoud, qui était née en 1909, prit la mesure de l’imposture. Dans Lumière du Moyen-Age, elle écrit « Pour moi comme pour tout le monde à la fin des études secondaires et d’une licence classique le ‘’ Moyen-Age’’ était une époque de ‘’ténèbres’’. On nous munissait d’un solide arsenal de jugements préfabriqués » (c’est nous qui soulignons).
La sortie de Michel Rocard atteste que, ignorant les travaux des historiens et des archéologues, le lavage de cerveau opère toujours, y compris sur des catholiques qui, honteux, sont prêts à toute repentance qu’on leur assigne. Plus outre, trop de compagnons de route que les combats actuels amènent à reconnaitre au christianisme au moins des mérites culturels, restent prisonniers de ces « jugements préfabriqués » sans voir plus loin. Parce que la vérité rend libre nous allons tâcher de la rétablir dans ses droits. Le Moyen-Age qui aimait les calembours surnommait les Dominicains « Domini canes ». Tant qu’à être chien de Dieu, nous nous réclamons modestement de celui de l’Evangile qui ramasse les miettes sous la table et défions les faussaires de nous noyer.
(à suivre : Le christianisme « m’a tuer »)
A. de P.