L’une des curiosités de la biographie de Louis Rougier (cf. Louis Rougier : l’itinéraire singulier d’un rationaliste engagé) est de s’achever chez les néo-païens pour qui il fut et demeure un « maitre ». Alain de Benoist, qui l’a célébré en termes étonnants (cf. Louis Rougier…, op. cit.), l’a rappelé récemment. La convergence s’est produite dans les années 60 quand Rougier, alors septuagénaire, approche la Fédération des étudiants nationalistes (FEN). En 1968, certains de ces jeunes gens (Benoist a alors 25 ans) fondent avec des militants d’Europe action une « société de pensée » [1], le GRECE (Groupe de recherche et d’études pour la civilisation européenne). Son objet est la recherche d’une « alternative au christianisme » (i.e. catholicisme) assassin du paganisme ; une mort (en fait naturelle) vue comme une « catastrophe » par A. de Benoist [2] que les grécistes vont scénariser en un mélodrame où ils jouent les Zorros affrontant un méchant d’anthologie. Dite aussi Nouvelle Droite, la ci-devant société de pensée va tisser un réseau de « groupes de travail ». A peine née, elle est déjà en mesure de publier deux revues Nouvelle école et Eléments auxquelles s’ajoutera Krisis en 1988. Remarquables exemples de longévité, elles paraissent encore aujourd’hui. En 1976, la Nouvelle Droite aura sa maison d’édition (Copernic puis Le Labyrinthe) qui rééditera les œuvres de Rougier dont trois préfacées par A. de Benoist. Au dire des intéressés eux-mêmes « le véritable inspirateur du GRECE, fut, avant Alain de Benoist, Louis Rougier » [3].
Il importe dès lors de savoir ce que Rougier a « inspiré » aux grécistes car ils sont toujours à l’œuvre, contrairement à l’idée répandue qui tient la mouvance pour résiduelle après une notoriété certaine dans les années 80, quand le Figaro Magazine de Louis Pauwels ou Valeurs actuelles de Raymond Bourgine lui ouvraient leurs colonnes. Ainsi que l’observe Stéphane François [4], l’engouement actuel de l’Occident pour le néopaganisme est peu étudié en France, à la différence des pays anglo-saxons. On doit néanmoins constater qu’« Alain de Benoist reste le maître incontesté du noyau dur – le GRECE et son réseau » [5]. Sa notoriété dépasse même largement ce noyau. Solliciter son avis sur tout sujet semble indispensable : il a été invité au moins 24 fois à Radio Courtoisie entre 2000 et 2008. En outre, dès sa fondation le GRECE a opté pour une stratégie d’entrisme :
« Une fois armé, chacun d’entre vous peut s’orienter dans la direction lui paraissant la plus propre à lui fournir une parcelle de pouvoir dans notre communauté d’hommes. Mais cela faisant, il n’est pas tenu, et dans certains cas, il ne lui est pas conseillé de dévoiler en tout ou partie les idées du GRECE. C’est en fonction de l’opportunité qu’il s’attaquera à infiltrer nos concepts, nos règles, notre vision. C’est cela le propre d’une société de pensée » [6].
Moyennant quoi son « influence perdure tant dans les milieux universitaires que dans les milieux nationalistes » [7].
L’entrisme néo-païen touche aussi les milieux catholiques. Le site de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre (I.C.R.S.P.) signale parmi ses enseignants Philippe Conrad, gréciste de la première heure, président de l’Institut Iliade dédié à la mémoire de Dominique Venner. D’après sa notice Wikipedia, il est également rédacteur pour le voyagiste Clio et animateur (?) de Renaissance catholique. De même, Academia christiana, institut de formation politique pour jeunes catholiques, fait intervenir à ses universités d’été qu’héberge la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (F.S.S.P.), des néo-païens pure laine (Georges Feltin-Tracol en 2018, François Bousquet, directeur de la revue Eléments en 2019). Selon son vice-président, Julien Langella, il n’y aurait pas de penseur catholique comparable à un Alain de Benoist, un Dominique Venner ou un de leurs avatars. Du moins n’en connait-il pas et c’est nous l’espérons, simplement pour cela que le 26 octobre dernier, Academia christiana organisait, en partenariat avec Eléments, un colloque intitulé « Regards croisés sur notre identité », entre intervenants chrétiens et païens avec Alain de Benoist en haut de l’affiche (cf. note [9]). Egalement co-fondateur de Génération identitaire, J. Langella fait partie de ces sympathiques jeunes gens insurgés contre un mondialisme qui détruit les nations. Catholique – il est l’auteur de Catholiques et identitaires (ed. DMM) – il sait que Dieu attache à celles-ci assez de prix pour attribuer à chacune d’elles un ange tutélaire. Il semble en revanche ignorer que le leader des néo-païens prône un « machin » supranational style Saint Empire romain germanique qui fédérerait les « régionalismes » européens [8]. « Toute vérité est nôtre » estime J. Langella [9] : sauf que les disciples de Rougier n’ont pas autant d’égard que lui pour la vérité.
Avant d’inspirer le GRECE, Louis Rougier, qui avait soutenu dans sa thèse de doctorat que la raison est incapable d’atteindre des vérités universelles, s’est mêlé d’épistémologie, de physique, de géométrie, de métaphysique (il ne la conçoit pas), d’économie (il fut pour le libéralisme puis contre). Une vocation d’apologiste anti-catholique complète la panoplie. En 1925 il publie La scolastique et le thomisme (ed. Gauthier-Villars, 800 pages). Le titre de la version condensée publiée en 1966 (éd. J-J Pauvert) en donne l’esprit : Une faillite philosophique, la scolastique. En 1926, il publie Celse, le conflit de la civilisation antique et du christianisme primitif. Il y peint les premiers chrétiens comme
« une engeance exécrable formée de la ligue de tous les ennemis du genre humain, ramassis d’esclaves, d’indigents, de mécontents, de gens de rien et sans aveu, conspirant contre l’ordre établi, désertant le service militaire, fuyant les fonctions publiques, préconisant le célibat, maudissant la douceur de vivre, jetant l’anathème sur toute la culture païenne ».
Il faut préciser que Le discours véritable contre les chrétiens dudit Celse, auteur mal connu du IIe siècle, a disparu. Rougier en donne une version hardiment reconstituée à partir du Contre Celse d’Origène (IIIe siècle) avec, si besoin, ajouts de son cru. Manifestement cela suffit à un rationaliste « engagé » [10] pour une exécution sommaire. Les spécialistes avaient déjà été sévères pour La scolastique et le thomisme : « Je demande, écrivait l’un d’eux, si vraiment dans les questions historiques on peut prendre M. Rougier au sérieux » [11]. Le pseudo Discours vrai de Celse confirme qu’on ne le peut pas.
Les chrétiens « primitifs » gens de rien ? Jean Dumont [12] signale que, dès le Ier siècle, l’illustre famille des Acilii et l’encore plus illustre famille des Flavii comptent des convertis. Et de citer S-M Pellistrandi, chercheur à l’Ecole des hautes études : « la foi chrétienne toucha peu à peu l’ensemble de la noblesse romaine » [13]. Elle en paya le prix. Le martyrologe cite, entre autres, la patricienne Perpétue martyrisée en 203 à Carthage avec son esclave Félicité. Saint Paul enseigne de ne pas conspirer contre l’ordre établi : « il est nécessaire de vous soumettre [aux autorités] non seulement par crainte de châtiment mais aussi par devoir de conscience » (Romains, XIII,5). Déserter le service militaire est absurde : on ne déserte pas un service dont Auguste a dispensé les citoyens romains. Depuis le Ier siècle, l’armée est une armée de métier. S’il y eut des chrétiens pour estimer ce métier incompatible avec l’Evangile, le concile d’Arles (314) leur donna tort et seuls les montanistes hérétiques s’obstinèrent. Dans l’histoire vraie, les légionnaires chrétiens furent nombreux (Legio III au Maghreb, Legio XII en Turquie…). Certains furent canonisés (Julien de Brioude, Maurice, Martin de Tours, Victor de Marseille…). Deux sont même cités dans le Communicantes de la messe tridentine. Fuir les fonctions publiques ? « Déjà du temps de la clandestinité les chrétiens exercent jusqu’à des fonctions de gouvernement. » [14].
Pas plus qu’ils ne sont sociopathes, les chrétiens ne sont névropathes (les néo-païens psychiatrisent volontiers). Leur faire grief de préconiser le célibat qui suggère possiblement une responsabilité dans la dénatalité qui frappe l’Empire, est une effronterie. Dès le Ier siècle, la société telle que décrite dans le Satyricon de Pétrone, et les Satires de Juvénal, adonnée au « jouir sans entraves », est en mode d’autodestruction. Elle pratique couramment l’avortement, la contraception, l’infanticide, la pédophilie (les inscriptions funéraires attestent d’une hécatombe d’épouses impubères [15]), la sodomie (la Satire II de Juvénal relate un « mariage » homosexuel). Au sommet de l’Etat, Caligula qui se rêve en pharaon, veut épouser sa sœur et Elagabal s’éclate en orgies homosexuelles (tous sujets, soit dit en passant, sur lesquels la Nouvelle Droite a, disons, …l’esprit large). Si la morale chrétienne réprouve, elle est en cela très proche de « ce qui s’exprime avec une exceptionnelle vigueur dans la morale stoïcienne » [16]. Quant à « l’anathème sur toute la culture antique » inutile de revenir sur ce gros mensonge (cf. Le christianisme « m’a tuer »). Mensonge enfin que ces chrétiens qui « maudissent la douceur de vivre ». L’archéologie, plus sûre que tous les textes, « a révélé, écrit toujours Jean Dumont, l’existence d’un remarquable art paléochrétien ». L’« infinité d’aimables peintures » visibles dans les catacombes, les sculptures des sarcophages, les décors des maisons des chrétiens fortunés, tout montre le goût de vivre. A. de Benoist reformulera le bobard dans le style germanisant qu’il affectionne : le judéo-christianisme est un « dire-non au monde et à la vie. » [17].
Tel quel, le Celse de Rougier fut apprécié des disciples qui le rééditèrent (ed. Copernic 1974), avec préface d’A. de Benoist qui le qualifie de « document unique pour l’histoire de l’Occident ». Un exemple donc pour les grécistes qui veulent « relire et réécrire la conception du monde européen » [18]. Ainsi Jean Haudry [19], auteur de La religion cosmique des Indo-Européens (ed. Les Belles Lettres 1987) dont Bernard Sergent écrit : « Voici que j’ai parlé d’ignorance, de contresens, de surinterprétations. C’est hélas ce qui caractérise ce livre d’un bout à l’autre. Les manipulations, les approximations, les assertions sans discussion abondent de même que les omissions de détails gênants pour une démonstration en cours » [20]. Alain de Libera a de son côté noté chez Rougier « une torsion des faits imposée aux matériaux pour entrer dans le schéma conceptuel » [21]. J. Haudry fait simplement du Rougier pour traiter d’un sujet indispensable à la cause. En effet dans la narrative néo-païenne les indo-européens passent pour incarner en plénitude les hautes vertus du paganisme.
L’idée que les langues européennes avaient possiblement une matrice commune a été avancée par des linguistes au XIXe siècle. De là l’idée que l’Europe protohistorique était habitée par des peuples, les indo-européens, unis par l’origine (possiblement circumpolaire), la race, et la culture, véritable source du « génie de l’Occident ». « L’héritage a conformé d’une façon déterminante les civilisations ayant donné naissance à la ‘civilisation européenne’ et qu’il véhicule encore, ne serait-ce que par le seul fait linguistique, une certaine vue du monde » [22]. Aucun texte, aucune culture archéologique ne corroborant pourtant le fait linguistique, cette vue du monde reste pour l’heure une vue de l’esprit dont Jean-Paul Demoule a montré les faiblesses [23]. Considérations vulgaires pour qui communie avec le cosmos et professe que « le monde des païens indo-européens, réévalué à sa juste mesure par Nietzsche, est incréé, éternel et divin » [24]. La réévaluation implique réécriture. Ce qui donne, selon Stéphane François, « une reconstruction idéalisant le paganisme antique et qui postule la persistance de cultes païens en Europe malgré la christianisation […] une reconstruction d’une religion préchrétienne fondée sur des recherches historiques ou pseudo-historiques ». En prime refus de ce qui pourrait l’ébranler [25].
La narrative des néo-dévots de Jupiter, Wotan et Cie pourrait passer pour une plaisante heroic fantasy n’était la lourdeur de l’appareillage savant dont elle s’orne. Elle est en même temps étonnamment sentimentale. Dans le n° 47 de la revue Krisis (juin 2017) consacré au paganisme , on lit des choses comme « étendre la chaleur spirituelle du paganisme à l’ensemble du monde », « l’âme païenne est un souffle », « la fraîcheur enthousiaste des poèmes et des rites » etc. Dans le registre « parlez-moi d’amour, redites-moi des choses tendres », Dominique Venner écrit : « De grands efforts ont été faits pour interdire aux Européens de retrouver dans leurs ancêtres leur propre image, pour leur dérober leur passé et faire en sorte qu’il leur devienne étranger mais il se réveillera sous l’ardeur de l’amour que nous lui portons » [26]. Comme le rappelle utilement Stéphane François, le revival néo-païen est contemporain du romantisme : un biotope propice à l’ésotérisme, l’occultisme et toutes ces sortes de choses. Mais ceci est une autre histoire
Au final, les grécistes croient-ils ce qu’ils racontent ? A tout le moins, ils paraissent vouloir s’en distancier. Ils nous vantent des dieux païens repeints en rose (cf. Les gaîtés de l’Olympe) derrière lesquels ils cherchent, disent-ils, « des valeurs et des normes » signifiant par là qu’ils gravitent dans le ciel des idées. Cependant, descendu de ces hauteurs, le paganisme ne parait pas aussi séduisant que ça. Il fatiguait déjà au temps du Christ et pour ce qu’on en voit aujourd’hui il est, au mieux, rigolo comme une ronde autour d’un feu au solstice, au pire, sinistre, quand, pour « fêter » Halloween, on trouve en grande surface des « déguisements squelettes pour bébés ». Au surplus, quand seuls 2% des Français sont encore assez catholiques pour observer l’obligation de la messe dominicale et que tous les deux jours, une église est attaquée (chiffres officiels 2018), s’entêter dans l’anti-catholicisme fait un peu ringard. L’alternative on y est presque, mais en la matière, une autre espèce de monothéisme, protégée celle-là, parait nettement mieux placée qu’un paganisme en toc. Bizarrement cette perspective semble échapper aux grécistes. A moins qu’ils ne l’agréent ? On se souvient des faiblesses nietzschéennes pour l’Orient :
« Guerre à outrance avec Rome ! Paix et amitié avec l’Islam ! » [27].
Bien au contraire, Sonia Mabrouk ou Salem Benammar s’en inquiètent [28], persuadés qu’en abandonnant son héritage chrétien la France signe sa disparition. Et comme on le sait depuis Péguy « c’est embêtant dit Dieu, quand il n’y aura plus ces Français, il y a des choses que je fais, il n’y aura plus personne pour les comprendre » [29]. Serait-ce en dernier ressort le but du jeu ?
A. de P.
[1] Jacques Marlaud interrogé par Héléna Pleinert dans Synergies européennes, décembre 1990
[2] A. de Benoist, Comment peut-on être païen, Paris, Albin Michel, 1981). On lit en exergue cette citation de Nietzsche, autre maître des néo-païens : « Je condamne le christianisme, j’élève contre l’Eglise chrétienne l’accusation la plus terrible qu’accusateur ait jamais prononcé. Elle est pour moi la pire des corruptions concevables […] La corruption de l’Eglise chrétienne n’a rien épargné, elle a fait de toute valeur une non-valeur, de toute vérité un mensonge, de toute sincérité une bassesse d’âme […] J’appelle le christianisme l’unique grande malédiction ». Fils de pasteur protestant, Nietzsche mourut fou comme son père.
[3] Geoffroy Daubuis, La Nouvelle Droite, ses pompes, ses œuvres d’Europe action (1963) à la NRH (2002), ed. du Sel 2008 (p.24-29)
[4] Stéphane François, Vers un renouveau du néo-paganisme en Europe ? sur le blog Fragments sur les temps présents, 31 janvier 2014. Stéphane François, historien des idées et politologue, est maître de conférences à l’université Lille II et chercheur associé au CNRS (Groupe sociétés, religions, laïcités)
[5] Geoffroy Daubuis, op. cit.
[6] Jacques Bruyas, revue Eléments, mai 1969, p. 15
[7] Georges Daubuis, op. cit.
[8] http://www.revue-nouvelle-ecole.com/2017/10/Europe-idee-d-Empire-Alain-de-Benoist.html
[10] Geoffroy Daubuis, op. cit.
[12] Jean Dumont, L’Eglise au risque de l’histoire Criterion .
[13] S-M Pellistrandi La civilisation chrétienne primitive 1976
[14] Jean Dumont, op. cit., p. 29
[15] Jean Dumont, op. cit.
[16] Pierre Chaunu Histoire et Foi ed. France Empire 1981
[17] Alain de Benoist, Vu de Droite, Ed. Le labyrinthe, 2001
[18] Jacques Marlaud, op. cit.
[19] Jean Haudry professeur de linguistique et de sanskrit Lyon III
[20] Bernard Sergent, La religion cosmique des indo-européens (note critique), dans Annales, 1990, 45-4, p. 941-949. Bernard Sergent est historien, chercheur au CNRS spécialisé dans le comparatisme indo-européen et président de la Société de mythologie française.
[22] Jacques Marlaud, Le renouveau païen dans la pensée française, Le Labyrinthe, 1986, p. 240
[23] Jean-Paul Demoule, préhistorien professeur d’université et archéologue, Mais où sont passés les indo-européens ?, Paris, Seuil, 2014
[24] Jacques Marlaud, Nouvelle Ecole n° 21-22, p. 7-8
[25] On voit ainsi Philippe Conrad maintenir en dépit de tout (cf. Le crépuscule du Sol invictus) que fixer la Nativité au 25 décembre est un bobard, arguant que la mention des bergers oblige à la reporter en mars au motif – qui surprendra grandement les Méditerranéens – qu’il n’y a pas de moutons dehors en décembre. Et quand l’importance d’un auteur tel René Girard ne permet pas de dédaigner ses travaux, A. de Benoist, après avoir dit qu’il a tout faux, le traite d’autiste (cf. Wikipedia, fiche René Girard)
[26] Dominique Venner, Histoire et traditions des Européens, Paris, ed. du Rocher, 2004
[27] Friedrich Nietzsche, L’Antéchrist (1888) : « Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation maure d’Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulée aux pieds (et je préfère ne pas penser par quels pieds!) – Pourquoi ? Parce qu’elle devait le jour à des instincts aristocratiques, à des instincts virils, parce qu’elle disait oui à la vie, avec en plus, les exquis raffinements de la vie maure !… Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant quoi ils auraient mieux fait de se prosterner dans la poussière […] Voyons donc les choses comme elles sont ! Les croisades ? Une piraterie de grande envergure, et rien de plus ! […] La noblesse allemande est à peu près absente de l’histoire de la culture supérieure : on en devine la cause… Le christianisme, l’alcool – les deux grands moyens de corruption… En soi, on ne devrait même pas avoir à choisir entre l’islam et le christianisme, pas plus qu’entre un Arabe et un Juif. La réponse est donnée d’avance : ici, nul ne peut choisir librement. Soit on est un tchandala, soit on ne l’est pas. « Guerre à outrance avec Rome ! Paix et amitié avec l’Islam ». C’est ce qu’a senti, c’est ce qu’a fait ce grand esprit fort, le seul génie parmi les empereurs allemands, Frédéric II [Hohenstauffen] ».
[28] Sonia Mabrouk, L’incorrect, n°24, octobre 2019 ; Salem Benammar, https://ripostelaique.com/la-france-doit-defendre-son-heritage-chretien-pour-contrer-le-cancer-musulman.html
[29] Charles Péguy, Le mystère des Saints Innocents